Paroles d’artistes : Manuel AÑÒ

Manuel Ano

L’Union française de Montréal déniche les artistes français, amateurs ou confirmés, qui résident désormais de l’autre côté de l’Atlantique et vous dévoile leurs projets et inspirations.  La parole est aux artistes !

En 2012, alors âgé de 19 ans, Manuel a eu l’opportunité de s’installer à Québec. Il a étudié dans une technique d'intégration multimédia et sur son temps libre a commencé à développer de façon professionnelle ses compétences de prise de visuel. À la fin de son DEC, Manuel est parti un an pour voyager en Europe et en Amérique du Nord. C’est à ce moment qu’il a créé sa compagnie de production spécialisée dans la prise de visuel aquatique et en conditions difficiles. Lors de son retour au Québec, il s’est installé à Montréal où il a pu développer davantage son expertise et ses formations dans ce domaine.
Union Française : Qui es-tu ? Que fais-tu ?

Je suis d’origine normande d’une famille de gardiens de phare, de marins et de pêcheurs. Dès mon plus jeune âge, j’ai appris à plonger en apnée et à explorer les fonds de la Manche. Aujourd’hui, scaphandrier, explorateur et cameraman sous-marin installé au Québec depuis 10 ans, je partage à travers mon travail photographique et mes documentaires le monde aquatique insoupçonné du Québec !

Union Française : Un mot clé qui définit ta pratique ?

« Explorateur par l’image » L’exploration à travers l’imagerie me définit bien, un mélange d’art et de technique à la réalisation photographique dans des lieux inexplorés et hostiles pour l’humain ou le matériel.

Union Française : Quelle est la place de l'art dans ta vie ?

Les œuvres artistiques engagées, qu’elles soient environnementales, sociales ou historiques, ont toujours eu un impact très fort sur ma vie. Je me trouve très réceptif à cela et à plusieurs moments de ma vie, je pense que cela m’a permis de faire des choix différents. Cela me donne beaucoup d’espoir de pouvoir à mon tour un jour sensibiliser et faire découvrir aux citoyen·nes du Québec et du reste du monde toutes les merveilles qui se cachent souvent sous la surface juste à côté de chez eux.

Union Française : En temps de pandémie, l'art est-il essentiel ou superflu ?

Après une grosse année bloquée à la maison, je pense que beaucoup ce sont ennuyés péniblement et que l’art dans toutes ses disciplines a été une magnifique manière de s’évader ! Pour ma part, les documentaires de voyage ont été un bon traitement qui m’ont permis de conserver une bonne santé mentale !

Union Française : Un artiste français qui t'inspire ?

Yann Arthus-Bertrand est l’un des artistes français qui m’a le plus donné envie de croire en mon projet. Il est un modèle pour moi, car son travail et parcours allient beaucoup d’éléments qui me semblent cruciaux: Une technique photo incroyable avec une quantité d’œuvres qui, selon moi, ont marquées l’histoire de la photo aérienne. Un travail très engagé sur des thématiques qui me touchent beaucoup dans chacun de ses films documentaires tels que Home, Planète Océan ou encore Woman.

Union Française : Dévoile-nous ton premier coup de cœur artistique...

La photographie qui a marqué mon enfance et qui continue aujourd’hui d’influencer mon travail est celle de Jean Guichard qui, en décembre 1989 lors d’une tempête, a capturé le gardien du phare de La Jument à la porte, cerné par une vague monstrueuse.

Union Française : Quels projets artistiques comptes-tu réaliser en 2021 ?

2021 est une année très excitante puisque beaucoup de projets ont pris du retard et se concentreront dans les prochains mois ! Je pars avec toute mon équipe pour réaliser mon deuxième film documentaire long-métrage en Espagne sur un village englouti sous les eaux. J’ai aussi lancé une websérie qui est diffusée sur nos réseaux sociaux et qui présente nos aventures sous-marines. J’ai très hâte également de présenter en septembre en Normandie une exposition photo en plein-air !

Union Française : Où peut-on suivre ton actualité ?

Sur mon site web, sur Facebook, Youtube et Instagram.

Oeuvre Manuel AÑÒ - Morisson

La première fois que j’ai montré cette image à des amis, personne ne comprenait de quoi il s’agissait… Il leur aura fallu un bon 10 minutes pour comprendre que la scène se déroulait ici au Québec, en plein mois de février par -25 ° Celsius et dans une eau à 2° C. 
L’épave de l’avion de la carrière de Morisson, proche de Gatineau, est bien connue des plongeurs récréatifs. J’avais envie de la faire redécouvrir et de la montrer telle qu’elle est durant plus de 5 mois, prisonnière des glaces qui la plongent dans cette peine ombre.  

L’enjeu était de ne faire qu’un seul trou dans la glace afin de laisser passer un filet de lumière sur l’emplacement du cockpit.  

Il nous fallait prendre en considération l’orientation du soleil et la distraction dans l’eau. Le défi n’étant pas assez grand, nous nous sommes challengés avec mon ami et binôme de toujours, Pierre, de réaliser la photo en apnée. 
L’épave se trouvant à plus de 10 mètres de profondeur, le froid intense et ma caméra qui est compliquée à déplacer sous l’eau sans dépenser une folle quantité d’énergie, le challenge fût de taille, mais la récompense entièrement satisfaisante. 

Yann Arthus-Bertrand

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